Retour sur l'éco-mobilisation Climax 2019 « l'Amazonie ou le déracinement du monde » qui s'est tenue à Bordeaux du 5 au 8 septembre à Darwin Écosystème.
Écouter la forêt et ses habitants
Quelle chance de pouvoir à Bordeaux débattre des enjeux planétaires avec les peuples venus des forêts tropicales nous partager leurs urgences, leurs combats et leurs visions du monde. Saurons-nous les écouter ? Nous en inspirer ?
Après 4 jours de conférences (que vous pouvez revivre sur le Facebook du festival) où nous avons pu nous regarder dans leurs yeux, tentons d'en tirer quelques leçons. Voici notre manière à nous d'alimenter le débat. Modeste tentative pour mettre des mots sur nos maux d'Occidentaux et résumer les pistes d'action esquissées.
Le progrès technique est découplé du progrès éthique : « notre époque se caractérise par une profusion des moyens et une confusion des intentions », pour citer Einstein
La prédation des terres et des richesses, la violation des droits humains et non-humains, les écocides, sont monnaie courante. Les peuples autochtones hurlent encore à la décolonisation !
Toujours plus vite et toujours plus. Incapacité à penser à long terme, limite intrinsèque des mesures purement quantitatives de la rentabilité, du bonheur ou de la valeur des écosystèmes
Asservissement volontaire à un système destructeur qui exploite nos peurs et nos cerveaux. La désobéissance civile est un début mais quand des forêts brûlent, des villages sont rasés et des meurtres perpétrés, c'est à la brutalité qu'il faut répondre.
Timidité des pratiques spirituelles. Toute-puissance de la rationalité, méconnaissance de nos ressentis, émotions ou intuitions, opposition nature et culture, confusion avec la religion.
Voir avec des yeux neufs
C'est donc bien d'une nouvelle révolution copernicienne dont nous avons besoin pour traiter les racines de ces problèmes ! Changer quelques détails ne permet que de continuer comme avant. C'est à dire d'aller tout droit dans le mur.
Pour faire court, voici la piste d'exploration qu'il nous semble urgent d'emprunter : développer notre conscience d'espèce. Et pour ce faire, voici les quelques axes qu'il nous semble utile de suivre. À réfléchir et surtout à expérimenter :
Prendre conscience de nos limites : notre espérance de vie, la taille de nos corps, la vitesse de nos sprinters qui plafonne. « Nos indicateurs biologiques sont au taquet », nous dit Gilles Bœuf. Abandonner le mythe d'une croissance infinie dans un monde fini. Notre soif de progrès peut se tourner alors vers la valorisation d'autres valeurs humaines comme l'altruisme, la sobriété et la connaissance. Transcrire ces limites et interactions dans le droit pour qu’elle touchent le plus grand
Entretenir un rapport sensible à la nature : la gratitude et l'émerveillement sont des forces puissantes. On ne prend soin que de ce qu'on aime. « C'est une triste chose de penser que la nature parle et que le genre humain n'écoute pas » nous disait Victor Hugo. Dont acte ! Il existe toutes sortes de pratiques pour développer nos sens, mettre nos corps en jeu, entendre les messages subtils, mieux cerner l'intelligence de la vie. Et nous en inspirer.
Retrouver le temps : appuyer sur pause, mettre fin à l'accélération de nos vies, corollaire de cette mondialisation survendue. Reprendre possession de nos agendas, du rythme de nos semaines, pour qu'émergent d'autres priorités. Recouvrer la mémoire et valoriser les savoirs anciens. Évaluer nos décisions et nos actions à l'aune de plusieurs générations. Revoir aussi nos exigences de rentabilité et notre rapport au travail. De l’art de la pause.
Elle vous parle cette feuille de route pour l'humanité ? Écrivez-nous, parlons-en, fertilisons !
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